Élection présidentielle en Côte d'Ivoire

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En Côte d'Ivoire, l'élection présidentielle détermine la personne qui sera élue président de la République pour un mandat de cinq ans (quinquennat). Le premier président élu fut Félix Houphouët-Boigny en 1960, qui fut aussi le plus jeune (55 ans). 5 000 signatures sont nécessaires pour pouvoir présenter sa candidature.

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Le président ivoirien est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois de manière consécutive. Est élu le candidat ayant recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour. À défaut, un second tour est organisé entre les deux candidats arrivés en tête au premier, et celui recueillant le plus de suffrages est déclaré élu. La constitution fixe la date du premier tour au dernier samedi du mois d'octobre de la cinquième année du mandat présidentiel en cours, et celle du second tour éventuel au dernier samedi du mois de novembre suivant[1].

Parrainages[modifier | modifier le code]

Depuis 2020, les candidats à l'élection présidentielle sont soumis à une obligation de collecte de parrainages pour valider leur candidatures. Les soutiens d'au moins 1 % des électeurs d'au moins 17 des 31 régions ou districts autonomes du pays sont ainsi nécessaires. Les électeurs ne peuvent, par ailleurs, parrainer qu'un seul candidat chacun[2],[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Félix Houphouët-Boigny

De 1960 à 1985, un seul parti et un seul candidat[modifier | modifier le code]

Après l'indépendance, le PDCI s'érige en parti unique, ce qui veut dire qu'il ne pouvait y avoir que des candidats de ce parti aux élections.

Le , Félix Houphouët-Boigny est élu Président de la République de Côte d'Ivoire.

Lors des 5 scrutins suivants, il n'y eut qu'un seul candidat à chaque élection présidentielle, le président sortant Félix Houphouët-Boigny du parti unique PDCI, qui était à chaque fois réélu.

Élection présidentielle ivoirienne de 1990[modifier | modifier le code]

Laurent Gbagbo

Celle-ci est la première élection démocratique au suffrage universel direct en Côte d'Ivoire depuis l'indépendance en 1960. Elle oppose deux candidats :

  • Félix Houphouët-Boigny: Fondateur du Parti démocratique de Côte d'Ivoire, parti unique jusqu'en 1990, il se présente de nouveau à la présidence de la république, avec un seul opposant face à lui ;
  • Laurent Gbagbo: Fondateur du Front populaire ivoirien dans la clandestinité en 1982, il est candidat de l'opposition en 1990.
Résultats
Nom du Candidat Parti/coalition % des voix (Conseil constitutionnel)
Félix Houphouët-Boigny Parti démocratique de Côte d'Ivoire 82,00 %
Laurent Gbagbo Front populaire ivoirien 18,00 %

Élection présidentielle ivoirienne de 1995[modifier | modifier le code]

Celle-ci intervient après le décès du président Félix Houphouët-Boigny, le . Elle oppose seulement deux candidats, les autres ayant boycotté l'élection :


Francis Wodié
  • Henri Konan Bédié : candidat naturel à la succession de Houphouët-Boigny, président par intérim depuis son décès ;
  • Francis Wodié : fondateur du PIT, seul candidat n'ayant pas boycotté l'élection.
Résultats
Nom du Candidat Parti/coalition % des voix (Conseil constitutionnel)
Henri Konan Bédié Parti démocratique de Côte d'Ivoire 96,44 %
Francis Romain Wodié Parti ivoirien des travailleurs 3,56 %

Élection présidentielle ivoirienne de 2000[modifier | modifier le code]

Cette élection a lieu dans un contexte particulier, un peu moins d'un an après le coup d'état en Côte d'Ivoire.

Résultats
Nom du Candidat Parti/coalition % des voix (Conseil constitutionnel)
Laurent Gbagbo Front populaire ivoirien 59,40 %
Robert Guéï Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire 32,70 %
Francis Romain Wodié Parti ivoirien des travailleurs 5,70 %
Théodore Mel Eg Union démocratique de Côte d'Ivoire 1,50 %
Nicolas Dioulo ? 0,80 %

Élection présidentielle ivoirienne de 2010[modifier | modifier le code]

Cette élection a lieu dans un contexte particulier, après une période de troubles qui fut longue ( - ).

Résultats du premier tour
Nom du Candidat Parti/coalition % des voix (Conseil constitutionnel)
Laurent Gbagbo Front populaire ivoirien 38,05 %
Alassane Ouattara Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire 32,08 %
Henri Konan Bédié Parti démocratique de Côte d'Ivoire 25,24 %
Albert Mabri Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire 2,27 %
Konan Gnamien Union pour la Côte d'Ivoire 0,37 %
Francis Wodié Parti ivoirien des travailleurs 0,29 %
Siméon Konan Sans étiquette 0,27 %
Jacqueline Lohoues Sans étiquette 0,27 %
Pascal Tagoua Sans étiquette 0,25 %
Innocent Anaky Mouvement des forces d'Avenir 0,23 %
Adama Dolo Sans étiquette 0,13 %
N'Douba Enoh Aka Sans étiquette 0,12 %
Félix Akoto Yao Sans étiquette 0,10 %
Henri Tohou Union socialiste du peuple 0,05 %
Résultats du second tour
Nom du Candidat Parti/coalition % des voix (Conseil constitutionnel) % des voix (Commission electorale)
Alassane Ouattara Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire 48,55 % 54,10 %
Laurent Gbagbo Front populaire ivoirien 51,45 % 45,90 %

Élection présidentielle ivoirienne de 2015[modifier | modifier le code]

L'élection présidentielle ivoirienne de 2015 se tient le et voit la réélection dès le premier tour d'Alassane Ouattara à la fonction de président de la République pour un mandat de cinq ans.

Élection présidentielle ivoirienne de 2020[modifier | modifier le code]

L'élection présidentielle ivoirienne de 2020, a lieu le afin d'élire le Président de la République de Côte d'Ivoire[4].

Le scrutin présidentiel de 2020 est le premier à avoir lieu sous la Constitution ivoirienne de 2016 adoptée par référendum quatre ans plus tôt. Celle ci modifie notamment plusieurs des critères d'éligibilité du président : la limite d'âge pour se présenter, auparavant fixée à 75 ans, disparaît, tandis que l'âge minimum est abaissé à 35 ans (art. 55)[5].

Là où l'ancienne constitution imposait qu'un candidat soit « exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine », la nouvelle constitution remplace cette condition par « nés de père ou de mère ». Un seul des parents d'un candidat présidentiel a désormais besoin de posséder la nationalité ivoirienne de naissance et ils ont maintenant la possibilité d'avoir eu une autre citoyenneté. Le candidat lui-même peut également avoir eu une autre nationalité, ce qui était auparavant impossible, mais doit y renoncer avant de soumettre sa candidature[5].

Le poste de vice-président est également créé. Il est élu en même temps que le président et lui succède en cas de vacance du pouvoir[1]. Le mandat d'Alassane Ouattara étant en cours au moment de la modification, le vice-président Daniel Kablan Duncan a été exceptionnellement nommé par le président en , en accord avec l'article 179[6],[7].

Le , Alassane Ouattara annonce qu'il ne se représente pas à l'élection présidentielle d'octobre 2020[8].

Le , Alassane Ouattara, a désigné Amadou Gon Coulibaly comme le candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie (RHDP) à la prochaine présidentielle de 2020[9].

Cependant, en , Coulibaly est évacué vers la France pour être hospitalisé en raison de problèmes d'ordre cardiaque. Il est ensuite opéré une seconde fois en juin pour la pose d'un stent[10], avant de retourner en Côte d'Ivoire le [11],[12]. Six jours plus tard, le , il meurt à la suite d’un malaise survenu en Conseil des ministres[13].

Un temps, envisagée en raison de la crise sanitaire causée par la pandémie de Covid-19, l’idée d’un report de l’élection présidentielle est repoussée par Ouattara lors du Conseil des ministres du , à l’occasion duquel le Code électoral est adopté par ordonnance. Les ministres reçoivent la consigne d’accélérer les opérations électorales une fois la crise endiguée[14].

Alassane Ouattara annonce finalement sa candidature le lors de sa prise de parole à la nation avant les festivités des soixante ans de l'indépendance[15].

Le 2020, le Conseil constitutionnel confirme les résultats publiés par la Commission électorale, qui donnaient 94,27 % des suffrages au président sortant[16].

Récapitulatif[modifier | modifier le code]

Nombre de candidatures par élection depuis 1990
Élection 1990 1995 2000 2010 2015 2020
Nombre de candidats 2 2 5 14 7 4
Tendances au premier tour
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2010 2015
PDCI 100 % 81,68 % 96,16 % non-inscrit 25,24 % avec RDR
FPI 18,32 % boycott 59,35 % 38,04 % 9,29 %
RDR boycott non-inscrit 32,07 % 83,66 %
UDPI 2,57 % avec RDR
PIT 3,84 % 5,70 % 0,29 % avec FPI
UDCI 1,47 % non-inscrit non inscrit
Second tour de l'élection présidentielle depuis 2010
Élection Candidat
Parti politique
% des suffrages exprimés Candidat
Parti politique
% des suffrages exprimés
2010 Alassane Ouattara
RDR
54,10 % Laurent Gbagbo
FPI
45,90 %
Meilleurs résultats obtenus lors de l'élection présidentielle
Année Pourcentage Vainqueur Note (au premier tour sauf indiqué) (SUD : Suffrage universel direct)
1960 100 Félix Houphouët-Boigny Candidat unique
1965 100 Félix Houphouët-Boigny Candidat unique
1970 100 Félix Houphouët-Boigny Candidat unique
1975 100 Félix Houphouët-Boigny Candidat unique
1980 100 Félix Houphouët-Boigny Candidat unique
1985 100 Félix Houphouët-Boigny Candidat unique
1990 81,68 Félix Houphouët-Boigny
1995 96,16 Henri Konan Bédié
2000 59,36 Laurent Gbagbo
2010 54,10 Alassane Ouattara
2015 83,66 Alassane Ouattara

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « LA CONSTITUTION IVOIRIENNE (2016) » (consulté le )
  2. RTI Groupe, « Présidentielle 2020 : La Côte d’Ivoire adopte le parrainage électoral », rti,‎ (lire en ligne).
  3. KOACI, « Côte d'Ivoire : Présidentielle 2020, le parrainage permet d'éviter les candidatures « fantaisistes », selon la CEI », koaci,‎ (lire en ligne).
  4. « Côte d’Ivoire : Ouattara très en colère - Afrik.com », sur Afrik.com (consulté le )
  5. a et b « Côte d’Ivoire : ce qui changera si la nouvelle Constitution est adoptée le 30 octobre – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  6. « Daniel Kablan Duncan nommé vice-président de la Côte d'Ivoire », RFI Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Le vice président Kablan Duncan a prêté serment », Abidjant.net,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Côte d'Ivoire: Ouattara annonce qu'il ne sera pas candidat à la présidentielle d'octobre », Reuters et Le Figaro,
  9. « Alassane Ouattara choisit Amadou Gon Coulibaly comme successeur en Côte d'Ivoire », BBC Afrique,
  10. « Côte d’Ivoire : le décès d’Amadou Gon Coulibaly laisse le RHDP orphelin – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
  11. Baudelaire Mieu et Vincent Duhem, « Convalescence d’Amadou Gon Coulibaly en France : quel impact sur la campagne présidentielle ? », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  12. Benjamin Roger, « Amadou Gon Coulibaly de retour en Côte d’Ivoire », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  13. https://www.olloweb.com, « Amadou Gon Coulibaly est mort ce mercredi à Abidjan », sur lsi-africa.com (consulté le ).
  14. « Présidentielle en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara en plein dilemme sur le report du scrutin », Jeune Afrique,
  15. Le Point Afrique, « Côte d'Ivoire : Alassane Ouattara candidat à la présidentielle d'octobre », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  16. Le Monde avec AFP, « En Côte d’Ivoire, le Conseil constitutionnel valide la réélection d’Alassane Ouattara pour un 3e mandat », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)